Dans Asana (posture), nous ne cessons d’approfondir la conscience de l’unité du corps. Nous découvrons des niveaux de plus en plus subtils.

Pour ce faire, les postures les plus simples sont les meilleures. Elles ne sont souvent simples qu’en apparence.

L’action se fait de la périphérie vers le centre. La périphérie, c’est les membres, le bassin et la tête.

Nous agissons sur la colonne pour libérer notre énergie de vie et de ce fait créer les conditions favorables au fonctionnement de notre système nerveux central (moelle épinière, tronc cérébral, cerveau) qui coordonne, régule, unifie nos principales fonctions.

La pratique consiste à enlever les obstacles au bon fonctionnement.

Il faut pratiquer au rythme du corps. Pas au rythme du mental. Le rythme du corps est infiniment lent par rapport au rythme du mental.

Pour trouver ce rythme, suivez une respiration naturelle consciente.

Dans chaque posture se trouvent des moyens régulateurs. Ces moyens se trouvent dans la périphérie, dans l’usage des jambes, des bras, du mouvement du bassin, de la tête.

Se sentir bien dans la posture, avoir envie d’y rester, c’est la qualité de l’immobilité et sa durée qui donne les effets des asanas.

Comme disait Gandhi : «  devenez votre propre médecin et connaissez vos limitations ».

Développer le ressenti, les sensations et de ce fait vivre au présent :

« Vivre dans le présent, complètement, totalement, c’est vivre avec ce qui est, avec l’actuel, sans le condamner ni le justifier. Tout problème vu dans la clarté est résolu » (Krishnamurti).

Définir la Joie

Sa première caractéristique est d’être gratuite ; elle existe en soi. Sans autre raison qu’elle-même.

André Gide disait : « On appelle bonheur un concours de circonstances qui permet la joie. Mais on appelle joie cet état de l’être qui n’a besoin de rien pour se sentir heureux ».

Le plaisir, la jouissance, la gaîté, le rire et même le bonheur, s’ils sont cousins de la joie et l’accompagnent volontiers ont tous besoin, pris isolément d’un motif extérieur. Par exemple : « C’est le printemps, je suis  gai ». Quant au bonheur, il se nourrit de satisfactions diverses.

La vraie joie elle est pure joie de vivre, joie d’être. Elle peut se signaler par un rire, un sourire ou être intériorisée et prendre les couleurs de la sérénité ou de l’émerveillement, se manifestant par la brillance du regard.

Le feu de la joie se situe à l’intérieur de nous.

La 2ème caractéristique de la joie est d’être entière. La joie implique corps, esprit et âme, sinon elle est fausse, elle est fabriquée. En cas de dépression, on peut avoir un sourire furtif, un plaisir aussi, mais la vraie joie n’est pas possible. La dépression tue la joie. Je crois qu’il existe des personnes plus proches de la joie que d’autres qui peuvent être plus mélancoliques ou sujets à l’anxiété.

Alors, dans la manière de définir cette joie, on peut dire que c’est se sentir participer au vivant.  Mais comme dit Marie Romanens : « c’est un mouvement intense… que nous combattons inconsciemment en déployant toutes sortes de stratégies pour rester dans la souffrance et ne pas accéder à cet état d’être… et nous avons des capacités pour nous ouvrir à la joie, mais nous lui résistons : au fond, nous sommes très attachés à la souffrance ». Se révèle ainsi la peur d’aller vers l’inconnu.

Pour Comte Sponville, la vision de la joie, « c’est un mouvement vers une plus grande perfection », et cela est possible pour tout être.

Vers quelle pratique pour que cette joie advienne et qu’elle aille vers la félicité (ananda).

Vivre le moment présent, pratiquer le hatha yoga, l’assise silencieuse pour tenter de quitter le faire, le paraître et rejoindre l’être de joie.

Quels en sont les obstacles :

Les obstacles à la joie qui apparaissent dans l’existence, obstacles à la conscience et au discernement. Ce sont notamment la colère, la somnolence, l’agitation,  le doute (même si celui-ci peut être fécond à certains moments), et parfois le désir.

Dans l’assise, nous pouvons nommer les obstacles (colère…), et observer comment le corps réagit (des tensions peuvent apparaître).  On peut aussi répéter le nom de l’obstacle plusieurs fois pour qu’il disparaisse.

Kabir disait : « Notre mental s’accroche à ses blessures ou à ses peurs alors même qu’une autre partie de nous-même est sage. »

Et Eckhart Tolle : « La cause première du malheur n’est jamais la situation, mais toujours les pensées qui concernent celle-ci ». Et « La pensée n’est qu’un infime aspect de la totalité de la conscience, de la totalité de ce que vous êtes. »

Quelques précisions sur désir et plaisir :

Il n’y a aucun mal à apprécier des choses agréables. Le plaisir est une chose merveilleuse ; mais le mental insatisfait veut s’en emparer.

Le désir peut-être douloureux, il peut comprendre l’avidité, la cupidité, les sentiments d’infériorité et de manque.

Mais le désir peut-être habile quand il procède d’une volonté d’agir et s’il est suscité par l’Amour, la Vitalité et la Compassion.

La souffrance s’atténuant, la joie apparaît : Nous pouvons parler d’une renaissance. Et comme dit Swami Prajnanpad, le maître d’Arnaud Desjardins « Il n’est pas nécessaire de mourir pour renaître » .

Et le poète indien Ghalib : « Pour la goutte d’eau de pluie, la joie consiste à s’immerger dans la rivière… Chemine suffisamment loin de la souffrance, et les larmes se transformeront en soupir.   Lorsqu’après une forte pluie, les nuages se dispersent, N’est-ce pas parce qu’ils ont pleuré toutes leurs larmes ? »

Pour continuer à nous transformer, ouvrir notre cœur et notre esprit pour aller vers la pleine conscience et la joie d’être.

De la Joie vers la Foi

En remerciant la vie, en l’honorant, cette joie nous amène vers un approfondissement de la conscience de Soi.

En vivant cela, nous le vivons dans le Présent. Ce présent est énergie, énergie lumineuse et c’est la pleine conscience qu’il nous faut rechercher.

Laissez-vous toucher par la lumière qui illumine le grand tout.

Des rayons de lumière brillent dans toutes les directions irradiant les pores de votre peau rentrant en vous.

Devenez lumière et commencez à émettre de la lumière. (Méditation sur la lumière avec le souffle et le corps)

Cet Univers, dont nous sommes partie prenante est un royaume : le Ciel, la Terre mère et il est composé d’Espace, de lumière, du règne animal, minéral, végétal, d’eau de mers et d’océans.

Grâce  à cela, nous sommes là en vie, au cœur du vivant.

Plaçons cette pleine conscience en  vivant la joie d’être comme une ouverture vers soi, vers nos proches et vers tous les êtres.

Nous sommes tous interdépendants les uns des autres : la relation est au cœur de l’éthique du yoga (relation à soi, aux autres et aux situations de l’existence).

Cette compassion rejoint la foi et cette notion d’Amour qui est en fait au cœur du vivant.

Foi en l’Homme, Foi en la guérison, Foi en l’autre, Foi en l’Amour.

Avec cette foi, la joie et la paix que nous ressentons sont si fortes et intenses qu’elles ne peuvent être décrites qu’en termes d’océans.

La Foi vers la voie

La foi  permet d’aller vers la voie, vers votre voie et c’est en cheminant qu’elle se révèle.

Si la raison procède par preuve, elle explique, elle justifie ; la foi, elle, ne procède pas par preuve, elle est. Elle se mesure par des actes, comme l’Amour, d’où son silence.

La foi n’a rien à voir avec la foi sociologique que l’on trouve à sa naissance, avec la religion dans laquelle on naît. Là, ce sont des croyances.

En sentant vivre en soi un grand courant de vie venu de nos profondeurs, nous nous ouvrons à un être vivant infini et éternel. La foi est ouverture à une telle ouverture.

La foi n’est pas une absence de connaissance puisqu’elle est l’acte vivant par lequel on se relie à la source même de la vie en partant de la vie qui s’écoule en soi.

Lowen lui définit la Foi ainsi : «La foi est une façon d’être présent au monde, d’être en contact avec soi-même, avec l’univers, avec la vie… La foi est un phénomène biologique et non une création du psychisme. »

La foi est connaissance, raison vivante et en acte.

La foi et l’ouverture de l’homme intérieur sont une seule et même chose, la foi consiste à croire en cet homme et à la vivre. Il est juste de dire qu’elle incarne le salut sur terre. Avec elle, nous voyons qui nous sommes en profondeur.

Le chemin de la foi passe par le chemin du corps (cadeau du yoga) ; la spiritualité est aussi dans le corps. La foi est ancrée en nous, mais il faut aller la chercher.

La foi venant de l’écoute, ceci nous ramène à la connaissance de soi (svadhyaya), l’étude de soi étant un pilier de la médecine ayurvédique (science de la vie). Il convient pour écouter et aimer de s’écouter et s’aimer afin de se faire du bien et bien sûr faire du bien autour de nous.. Il est donc nécessaire de surveiller et d’inspecter tout ce qui se passe en nous (corps, sens, esprit), pour rétablir éventuellement l’équilibre et ainsi pouvoir développer la compassion.

L’Amour altruiste : Nous avons tous fait l’expérience d’une bienveillance à l’égard d’êtres souffrants. Certains êtres ont du mal à considérer le bien d’autrui comme un but essentiel. Cultiver l’altruisme permet d’accomplir le bien des autres et représente pour nous la manière d’être la plus satisfaisante qui soit. Le sentiment exacerbé de l’importance de soi n’engendre en réalité que tourment.

La quête du bonheur uniquement pour soi-même  est vouée  à l’échec, puisque l’égocentrisme est à la source de notre mal être. « Quand le bonheur égoïste est le seul but de la vie, la vie est bientôt sans but » écrivait Romain Rolland. Et François Cheng de rajouter : « On ne peut connaître sa meilleure part que grâce à la connaissance de la meilleure part de l’autre ».