Il convient de réaffirmer qu’il n’y  a pas un yoga pour tous, mais un yoga pour chacun.

Si les mots : Ouverture, conscience, respiration, voix, vibration et énergie concernent le hatha-yoga dans sa globalité, ils le sont d’autant plus dans cette pratique avec la dimension de partage et de bienveillance. Cette bienveillance rime avec pleine conscience et discernement (viveka).

Ce qui est proposé, c’est une séance pratique vécue depuis 6 ans avec des groupes différents : de la maison de retraite aux villages du Diois en passant par des centres de vacances pour handicapés physiques (Trièves en Isère) et également des rencontres avec des personnes présentant des troubles psychiques.

Cette séance est une proposition et constitue un cadre pour les enseignants (de quelque tradition dont ils se réclament).  Quatre axes vont guider la pratique : les mouvements et postures, la respiration et la circulation de l’énergie, les mudras, les sons et la voix et la méditation.

Elle s’adresse aux personnes en fauteuil et à celles ayant de grandes difficultés articulaires : l’intention, c’est d’ALLER VERS… avec le corps tel qu’il est au moment de la pratique.

Initialement, dans l’histoire du hatha-yoga, les séances se pratiquaient en individuel (maître-disciple). Ce n’est que récemment que la pratique collective se développa. Les séances individuelles restent bien sûr très intéressantes et vont permettre de cerner davantage quelle pratique s’avère nécessaire avec l’aide de l’enseignant

Cette séance collective du yoga sur chaise se veut globale et n’est pas forcément qu’un ensemble de techniques. L’objectif est de sensibiliser tout le corps et d’insister sur les zones qui contrecarrent  les mots clefs ci-dessus cités (ouverture, conscience, souffle, énergie). C’est la raison pour laquelle une formation pour enseignants a vu le jour, s’appuyant sur la pratique de 6 ans en maison de retraite qui a permis au Clic : comité de liaison et de coordination du diois (structure du conseil général s’occupant sur le territoire de la vieillesse et du handicap), de valider via la commission gérontologie des journées d’initiation au yoga sur chaise.

L’expérience de cette séance de yoga a pu se réaliser avec des personnes ayant des pathologies différentes (accident vasculaire cérébral avec paralysie, Parkinson,, paraplégie, opérés du cœur, macula… sans oublier le grand âge). J’explique dans le livre écrit mais non encore édité,  la richesse de mettre en commun différentes pathologies.

La pratique de tel ou tel exercice marquera des différences quant à l’accomplissement du mouvement suivant les personnes et les pathologies. Une personne ayant eu la clavicule brisée ou ayant la maladie de Parkinson ne pourra pas forcément lever le bras très haut, mais elle sera dans l’intention ; les peurs peuvent être aussi un obstacle. C’est pour cela que je suis amené à aider la personne concernée par cette difficulté et les autres membres du groupe comprennent,  car ils perçoivent bien que leurs difficultés sont différentes, et, partant de là, je peux affirmer que le groupe est porteur d’une forme de solidarité, chacun se respectant ; il y a donc là une dynamique du groupe qui reste empreint de solidarité, de fraternité et d’acceptation des différences.

Du Clic du Diois à la mise en place de Surya, association de yoga sur chaise :

Avec une animatrice s’occupant des personnes victimes de la maladie d’Alzheimer, nous avons proposé au Clic,  la mise en place d’une initiation s’adressant aux aidants familiaux, au personnel soignant et à des enseignants de yoga ainsi qu’aux responsables des clubs dits de « 3ème âge ».

Cette initiation devait servir de tremplin au déplacement du yoga vers les villages, le yoga pouvant alors être une activité de soutien résonnant avec l’idée de rester le plus longtemps possible chez soi et retarder ainsi le déplacement possible vers la maison de retraite.

Les 3 mots : Territoire, vieillesse et handicap étaient au cœur des motivations du Clic, et permirent la tenue de 4 journées d’initiation vécues avec étonnement et enthousiasme. Ce qui conduisit à faire valider par le Clic une proposition d’intervention du yoga sur chaise dans 5 villages et ce 5 fois (indemnisé par le conseil général). Les personnes ressources des clubs du 3ème âge ont pu ainsi (comme ils avaient testé cette pratique) la proposer à leurs adhérents. Un bilan de cette pratique eut lieu, et les 5 villages via les clubs désiraient continuer cette pratique. Et lors de ce bilan, force a été de constater que cette pratique ne pouvait être assurée que par des enseignants de Yoga.

C’est la raison pour laquelle (suite aux différents déplacements pour faire connaître cette pratique : Grenoble, Lyon, Rennes, Paris, Lourdes…) qu’une formation en direction des enseignants fut proposée. Vingt enseignants vécurent ce stage résidentiel de 5 jours afin d’expliciter cette pratique et aussi la mettre en lien avec sa propre pratique.

Après ce soutien du conseil général, il fallait devenir autonome, et c’est ainsi que fut créée l’association de yoga sur chaise « Surya ». Le but était de promouvoir cette pratique à moindre frais pour des personnes très âgées ou en situation de handicap et pour ce faire, la fondation des Petits frères des pauvres a proposé de nous aider lors d’une commission gérontologie et  cela a fonctionné. Nous pouvions alors, forts de ce soutien, intervenir et faire en sorte que le yoga se déplace dans les villages. Il faut toutefois noter que cette pratique s’inscrit dans un schéma évolutif, ce qui fait que dans certains villages, nous mixons chaise et tapis quand cela est possible.

« Le seul, le vrai, l’unique voyage, c’est de changer de regard » (M. Proust)